De Al Pacino à Brud, les nouveaux pygmalions des célébrités virtuelles…
Simone, la première célébrité virtuelle
Le fantasme de la célébrité virtuelle a eu sa première représentation cinématographique avec le film Simone, dans lequel Al Pacino joue le rôle d’un producteur de show qui crée l’artiste idéal sous forme d’hologramme… Simone est une femme dont le corps, le visage, la voix, sont le résultat d’une synthèse algorithmique de toutes les préférences esthétiques et artistiques des Américains. Simone donne des concerts, remplit les salles sans jamais se plaindre, et apparaît et disparaît sur commande de son pygmalion.
Shudu, Lil Miquela, les premières influenceuses virtuelles
Depuis les hologrammes dans le show business des media font des adeptes divers et variés (cf J.L. Mélenchon), mais c’est une autre version virtuelle de célébrité qui vient d’apparaître sur Instagram, dont Shudu est l’une des traductions les plus emblématiques.
Shudu a 125K followers et se présente comme la 1ère « super-model » digitale du monde.
Shudu sait aussi déclencher des polémiques puisque le projet artistique dont elle procède est mis en cause par des puristes qui accusent son auteur de « plagiat racial », en lui reprochant de créer un modèle noir qui correspond à ses propres critères de beauté d’homme blanc au lieu de faire appel à des vrais mannequins noirs.
Dans la même catégorie, on trouve Lil Miquela (studio Brud), dont les 1,2 million de followers sur Instagram peuvent faire pâlir d’envie bien des instagrameuses célèbres, d’autant plus que nombre de ses posts génèrent plus de 70K likes ! Lil Miquela est californienne, à la fois artiste musicale (elle commence à se faire un nom grâce à des collabs type DJ Baauer) et femme engagée qui prend position sur de nombreux sujets sociétaux (LGTBQ) et politiques. Née sur le réseau social en 2016, elle a déjà sa page Wikipédia.
Dans le même genre mais masculin, nous avons aussi repéré Blawko 22, mannequin digital assumé mais qui cache toujours à moitié sa tête comme si c’était une vraie personne.
Le business model des célébrités virtuelles, entre marque incarnée et star-sandwich
Entre ces influenceurs de nature digitale qui adoptent les codes hyperréalistes, et les influenceurs de nature humaine qui adoptent les codes uniformisés et « photoshopés » de la célébrité, la bonne question est maintenant de savoir lesquels sont les plus authentiques dans leur démarche vis-à-vis de leurs abonnés… Et comme il n’est pas question ici de tomber dans le racisme numérique ni la stigmatisation d’une minorité, nous dirons simplement que tout dépend de la nature humaine qui se cache (toujours) derrière chaque avatar créé….
Autre question intéressante : quel business model derrière ce qui se présente au départ comme « un projet artistique » mais qui pourrait devenir très vite une cash machine entre l’influenceur sponsorisé et la star-sandwich ? Pourrait-on imaginer un jour qu’une influenceuse virtuelle devienne une marque, ou bien qu’une marque soit incarnée par une célébrité 100% digitale ?
À suivre.